Caractéristiques des occlusions de gros vaisseaux dans l’AVC ischémique associé à la COVID-19
John, P. Kesav, V.A. Mifsud, B. Piechowski-Jozwiak, J. Dibu, A. Bayrlee, H. Elkambergy, F. Roser, M.S. Elhammady, K. Zahra, S.I. Hussain
Question clinique
Identifier les associations et les facteurs pronostics de gravité, de morbidité et de mortalité chez les patients COVID ayant subi un AVC ischémique, particulièrement concernant les obstructions de gros vaisseaux.
Méthodes
Étude observationnelle rétrospective monocentrique concernant tous les patients consécutivement admis à l’hôpital avec un diagnostic de COVID-19 et un AVC ischémique de gros vaisseaux du 1er mars au 25 mai 2020.
Collecte de données concernant toutes les admissions consécutives d’AVC ischémique et d’AIT (COVID et non COVID) vues à l’hôpital pendant une période de 10 semaines du 1er mars au 10 mai 2020 et sur la même période en 2019, à titre de comparaison.
Les données recueillies comprenaient les données démographiques, les facteurs de risque d’AVC, la présentation clinique, les échelles d’AVC, les résultats d’imagerie, les examens de laboratoire, les traitements aigus, y compris thrombolyse intraveineuse et thrombectomie, les paramètres temporels, la classification et l’étiologie des AVC, la classification des sous-types d’AVC ischémique selon l’étude TOAST, ainsi que l’état clinique du patient à la sortie.
Résultats
Une incidence augmentée d’accidents ischémiques en 2020 par rapport à l’année précédente (103 contre 76) fut rapportée. Il y a eu une augmentation significative d’occlusion de gros vaisseaux, notamment de la carotide interne, de M1 et M2, et de l’artère basilaire en 2020 par rapport à l’année précédente (33,8% contre 18,3%).
Parmi les 673 patients atteints de COVID-19 en 2020, 2,97% ont développé un AVC ischémique aigu. Parmi ces patients, 15 (75%) ont présenté une obstruction de gros vaisseaux documentée.
Ces patients étaient relativement jeunes (âge moyen, 46,5 ans), de sexe masculin (93%), sans facteurs de risque cardiovasculaires connu et se sont présentés avec des symptômes sévères. Les niveaux moyens de protéine C-réactive et de D-dimère disponibles étaient normaux.
Les thromboses ont fréquemment été observées dans plusieurs vaisseaux (40%), dans des emplacements atypiques, et avec une charge de thrombus importante. Une thrombose systémique distincte était également fréquente (26%). Lors du suivi à court terme, l’étiologie de l’AVC est restée indéterminée chez 46% des patients et les résultats fonctionnels étaient médiocres.
Conclusion:
Ces résultats suggèrent une plus grande incidence d’AVC dans le contexte d’une infection au COVID-19. Les patients atteints de COVID-19 ayant subi un AVC ont plus de chance d’avoir une occlusion de gros vaisseaux, associé à une présentation plus sévère et un moins bon pronostic. Une coagulopathie et/ou dysfonctionnement endothélial sont considérés comme des contributeurs possibles (tel que mentionné dans les études antérieures), bien qu’il n’y ait pas de preuve spécifique à ce sujet dans cette étude. Les auteurs pensent que le moins bon pronostic pourrait être lié à une atteinte systémique secondaire à la pneumonie et au syndrome de détresse respiratoire aiguë, aggravant l’hypoxie cérébrale et induisant une dérégulation hémodynamique.
Implications:
Cette étude sensibilise à la présentation plus sévère et au moins bon pronostic de l’AVC ischémique associé au COVID-19.
Commentaires de l’éditeur: garder en tête que la présence de thrombus, en particulier s’ils sont volumineux, dans de multiples vaisseaux, dans les localisations atypiques et/ou avec des atteintes thrombotiques systémiques semblent être caractéristique de l’AVC ischémique lié au COVID-19.
Rendement diagnostique du stadification à l’IRM cérébrale chez les patients atteints d’un cancer du poumon non à petites cellules nouvellement diagnostiqué
Minjae Kim, MD, Chong Hyun Suh, MD, Sang Min Lee, MD, PhD, Ho Cheol Kim, MD, Ayal A. Aizer, MD, Ted K. Yanagihara, MD, PhD, Harrison X. Bai, MD, Jeffrey P. Guenette, MD, Raymond Y. Huang, MD, PhD, Ho Sung Kim, MD, PhD
Question clinique
Cette étude tente de répondre à deux questions: premièrement, quel est le rendement diagnostique de la stadification tumorale par IRM cérébral chez les patients atteints d’un cancer du poumon non à petites cellules (NSCLC) nouvellement diagnostiqué en fonction du stade? Deuxièmement, la présence d’une mutation du récepteur du facteur de croissance épidermique (EGFR) ou d’un réarrangement de la kinase du lymphome anaplasique (ALK) dans l’adénocarcinome pulmonaire modifie-t-elle le rendement diagnostique de la stadification des métastases cérébrales à l’IRM?
Méthodes
Étude rétrospective, observationnelle, et unicentrique. Les patients avec un NSCLC nouvellement diagnostiqué et confirmé pathologiquement ont été rétrospectivement identifiés à partir des dossiers médicaux électroniques d’un hôpital de référence tertiaire de novembre 2017 à octobre 2018. Les critères d’inclusion nécessitaient une tomodensitométrie thoracique avec du contraste et un rapport de radiologie formel ainsi qu’une IRM cérébrale injectée réalisée lors de la stadification initiale.
Les rapports de radiologie et la stadification clinique ont été examinés. Le rendement diagnostique a été défini comme la proportion de patients présentant des métastases cérébrales parmi tous les patients retenus. Le rendement a été stratifié en groupes selon la stadification clinique et en accord avec les directives de l’AJCC 8, en se basant sur la stadification de la tomodensitométrie thoracique et sur les types d’adénocarcinome avec mutation de l’EGFR et réarrangement de l’ALK.
Résultats
Le rendement diagnostique global de la stadification par IRM cérébrale dans le NSCLC nouvellement diagnostiqué était de 11,9%. Pour les stades cliniques plus bas comme IA, IB et II, le rendement diagnostique de l’IRM était respectivement de 0,3%, 3,8% et 4,7%.
Le rendement diagnostique était significativement plus élevé chez les patients atteints d’adénocarcinome (13,6%) que chez les patients atteints de carcinome épidermoïde (5,9%), avec un rapport de cote de 1,3.
Le rendement diagnostique était significativement plus élevé chez les patients présentant un adénocarcinome à mutation EGFR positive (17,5%) que l’adénocarcinome à mutation EGFR négative (10,6%), (p <0,001).
Le rendement diagnostique chez les patients présentant un réarrangement de l’ALK était de 23,4% comparé à 15,2% chez les patients sans réarrangement, mais la différence n’était pas significative.
Conclusion
Le rendement diagnostique de l’IRM cérébral au stade clinique IA pour les NSCLC est faible, mais a un rendement plus élevé au stade clinique IB et particulièrement dans l’adénocarcinome à mutation EGFR positive.
Implications
Le rendement diagnostique particulièrement faible de la stadification par IRM cérébrale pour les adénocarcinomes de stade IA indique que son utilisation pourrait ne pas être nécessaire chez ces patients-là. L’utilisation de l’IRM cérébrale semble par contre justifiée lorsque le stade clinique est de IB ou supérieur, et dans l’adénocarcinome pulmonaire à mutation EGFR positive.
Commentaires de l’éditeur: Ces résultats pourraient être utiles pour aider à guider l’élaboration de recommandations fondées sur des données probantes afin de savoir quand effectuer une IRM cérébrale de dépistage chez les patients atteints de NSCLC nouvellement diagnostiqué. Il pourrait être intéressant de voir si de plus grandes études multi-institutionnelles auraient la puissance de démontrer une différence significative dans la détection des métastases cérébrales dans l’adénocarcinome avec réarrangement de l’ALK.
Pourquoi des acouphènes pulsatiles unilatéraux surviennent-ils chez les patients souffrant d’hypertension intracrânienne idiopathique?
Pengfei Zhao, Chenyu Jiang, Han Lv, Tong Zhao, Shusheng Gong, Zhenchang Wang
Question clinique
Cette étude vise à adresser la question suivante: les acouphènes pulsatiles (AP) chez les patients atteints d’hypertension intracrânienne idiopathique (HII) sont-ils associés à des trouvailles vasculaires ou osseuses identifiables au scanner? Plus précisément, la sténose du sinus transverse (SST), la latéralisation du flux veineux de sortie (LFV), la déhiscence de la paroi du sinus sigmoïde (DPSS) et le diverticule du sinus sigmoïde (DSS) sont-ils associées aux AP chez les patients avec HII ?
Méthodes
Étude cas-témoin rétrospective. Recrutement consécutif de patients répondant aux critères de Dandy modifiés pour l’HII, sur une période de 4 ans. Critères d’inclusion: acouphène unilatéral synchrone avec le pouls, disparition ou atténuation marquée des AP après compression ipsilatérale du cou, acquisition d’images artérielle ou veineuses par angioCT avant le traitement, et AP dont la cause n’est pas artérielle ou néoplasique.
Les sujets témoins étaient appariés pour l’âge et le sexe, sans AP ni HII, avec un angioCT de la tête et du cou démontrant une densité du sinus transverse supérieure à 150 HU et n’ayant aucune anomalie structurelle.
Les caractéristiques de l’angioCT examinées comprenaient la SST, la LFV, la DPSS et le DSS. La LFV a été comparée entre le côté symptomatique et non symptomatique chez les patients souffrants de HII avec AP et entre le côté dominant et non dominant des patients HII sans AP et chez les témoins. La SST, DPSS et DSS ont été comparés entre le côté symptomatique des patients HII avec AP, et les deux côtés des autres groupes.
Résultats
La prévalence de la SST était significativement plus élevée chez les patients avec HII que chez les témoins (p = 0,000), mais la SST n’avait pas de corrélation avec les AP chez les patients HII. La prévalence de DPSS est décroissante entre ces groupes de patients : HII avec AP, HII sans AP, et les témoins, avec des différences significatives entre chacun des groupes. La LFV et la prévalence de DSS étaient plus élevés chez les patients HII avec AP que chez HII sans AP ou les contrôles. Tous les DSS chez les patients HII avec AP étaient accompagnés de DPSS.
Conclusion
La prévalence de SST chez les patients HII est plus élevée que chez les témoins, mais n’est pas corrélée avec las AP chez les patients HII. Cependant, le côté avec le plus faible flot veineux et la présence de DPSS ipsilatéral avec ou sans DSS étaient significativement corrélés avec des AP unilatéraux chez les patients HII.
Implications
Ces résultats pourraient favoriser une meilleure compréhension de la physiopathologie et du traitement des AP chez les patients avec HII.
Commentaires de l’éditeur: Ces données suggèrent que la SST seule n’est pas suffisante pour provoquer un AP chez les patients avec HII. En tant que radiologues, nous recherchons et commentons fréquemment la présence de SST chez les patients HII, nous devrions cependant également corréler le côté symptomatique avec une réduction ipsilatérale du flot veineux, de DPSS et/ou de DSS. Malgré que la relation de cause à effet reste encore inconnue (et difficile à établir), de futures études pourraient évaluer les effets des traitements visant à améliorer l’écoulement veineux du côté symptomatique. Notamment, l’identification optimale des DPSS et des DSS nécessite une imagerie de haute résolution (coupes axiales de 0,6 mm obtenues sur l’os temporal ainsi qu’angioCT à temps veineux) avec un algorithme osseux, comme cela a été fait ici pour une évaluation précise.
Séquence multi-impulsions en pondération de diffusion par écho planaire vs. non basée sur l’écho planaire dans la détection du cholestéatome: corrélation avec les résultats opératoires
J.C. Benson, M.L. Carlson, J.I. Lane
American Journal of Neuroradiology December 2020, DOI: https://doi.org/10.3174/ajnr.A6911
Question clinique
Est-ce que la technique écho planaire (EPI) readout-segmented est meilleure que le HASTE DWI pour l’évaluation du cholestéatome?
Ce qui a été fait:
Revue rétrospective sur une série de patients consécutifs qui avaient un cholestéatome suspecté à l’IRM et confirmé par pathologie. Seuls les patients qui ont eu des examens d’IRM qui comprenaient à la fois les séquences HASTE et EPI readout-segmented ont été inclus.
Méthode
Revue rétrospective sur une série de patients consécutifs ayant subi une IRM à haute résolution de l’os temporal entre le 20 septembre 2011 et le 9 mars 2020; les patients ont été identifiés à l’aide d’un moteur de recherche de dossiers médicaux électroniques institutionnel. Les critères d’inclusion englobaient les patients qui avaient une IRM préopératoire, y compris les séquences HASTE et RESOLVE dédiées pour l’évaluation du cholestéatome. Deux neuroradiologues certifiés ont examiné tous les examens d’IRM. Toutes les divergences ont été résolues par consensus.
Résultats
Chaque patient de la cohorte a eu un cholestéatome confirmé lors de la chirurgie. Toutes les lésions ont été détectées sur l’imagerie HASTE préopératoire. Sur les séquences RESOLVE, 16 (69,6%) étaient positives, 5 (21,8%) étaient équivoques et 2 (8,7%) étaient faussement négatives. Un excellent accord interobservateur a été noté pour les deux séquences.
Conclusion
Les résultats de cette étude indiquent que la séquence HASTE surpasse RESOLVE dans la détection du cholestéatome primaire et récidivant. L’imagerie HASTE a correctement identifié les lésions dans tous les cas, tandis que les résultats de la séquence RESOLVE étaient équivoques dans plus d’un cinquième des cas et faussement négatifs chez 2 patients.
Les différences entre ces séquences peuvent être liées à l’intensité et taille relativement plus grandes du signal intralésionnel sur les images HASTE. Comme les cholestéatomes apparaissent plus petits et moins intenses sur les images RESOLVE, ces séquences sont plus susceptibles de fournir des résultats équivoques et parfois faussement négatifs.
Implications
Les résultats de cette étude sont en accord avec les analyses précédentes qui ont trouvé des séquences non basées sur l’EPI (par exemple, HASTE) à la fois sensibles et spécifiques pour la détection du cholestéatome. HASTE est supérieur à RESOLVE dans la détection des cholestéatomes primaires, résiduels, et récurrents.
Fistules veineuses-LCR de la colonne vertébrale chez les patients obèses morbides présentant une hypotension intracrânienne spontanée
W.I. Schievink, M. Maya, R.S. Prasad, V.S. Wadhwa, R.B. Cruz, and F.G. Moser
American Journal of Neuroradiology December 2020, DOI: https://doi.org/10.3174/ajnr.A6895
Ce qui a été fait:
Revue de huit patients présentant une hypotension intracrânienne spontanée (HIS) avec un indice de masse corporelle > 40 ayant reçu une myélographie par soustraction digitale (MSD) en décubitus latéral dans le but de rechercher des fistules veineuses-LCR afin de décrire les défis de la prise en charge des patients obèses morbides atteints de fistules.
Méthodes
Tous les patients ont obtenu une IRM cérébrale avec myélographie. La MSD fut réalisée avec le patient sous anesthésie générale avec paralysie profonde et suspension de la respiration pour un maximum de détails et de résolution temporelle. Une ponction lombaire guidée par fluoroscopie a été réalisée au niveau L2–L3 avec une aiguille de 22 G, avec obtention de pression d’ouverture pour chaque patient.
Résultats
Sur huit patients, quatre présentaient des céphalées orthostatiques isolées; trois avec céphalées orthostatiques empirées par Valsalva; et un avec des maux de tête isolés induits par Valsalva. Le fond d’oeil était normal chez les huit patients. L’imagerie cérébrale par résonance magnétique a montré un affaissement cérébral chez 7 patients et un rehaussement méningé chez 5 patients.
Tous les patients ont passé une IRM de la colonne vertébrale. Cinq avaient reçu un myélogramme par CT conventionnel, trois une myélographie par CT dynamique et deux avaient subi une MSD (sous anesthésie générale ou locale). Aucune de ces investigations n’avait montré de collection extra-durale de LCR ou d’évidence claire de fistule.
En performant une MSD avec le patient en décubitus latéral, nous avons pu détecter une fistule chez six des huit patients (75%). Toutes les fistules étaient localisées dans la colonne thoracique, trois du côté droit et trois du côté gauche.
Conclusion
Chez les patients atteints d’HIS due à une fistule spinale et qui sont obèses morbides, la pression dans le LCR est souvent élevée et le risque de céphalée de haute pression par rebond et de papillœdème post-traitement est augmenté. Le rendement de la recherche d’une fistule veineuse-LCR dans cette population en performant un MSD est similaire à celui des patients qui ne sont pas obèses.
La détection de fistules veineuses-LCR nécessite une imagerie sophistiquée. Nous avons utilisé la MSD en décubitus latéral avec le patient sous anesthésie générale à cette fin avec d’excellents résultats.
Implications
Bien que l’habitus corporel des patients obèses morbides puisse être intimidant, cela ne devrait pas entraîner une attitude défaitiste. Dans la présente étude, nous avons détecté des fistules veineuses-LCR chez trois-quarts des patients obèses morbides avec une HIS et sans collection de LCR extradurale sur les examens d’imagerie vertébrale, démontrant ainsi que notre capacité d’identifier des fistules dans cette population peut approcher celui de la population de patients non obèses.
Translated by: Davy Vanderweyen
References