Le score calcique : une évaluation personnalisée des probabilités permet de prévoir la nécessité de tests supplémentaires ou alternatifs à la coronarographie par tomodensitométrie (TDM)
Judit Simon, Lili Száraz, Bálint Szilveszter, Alexisz Panajotu, Ádám Jermendy, Andrea Bartykowszki, Melinda Boussoussou, Borbála Vattay, Zsófia Dóra Drobni, Béla Merkely, Pál Maurovich-Horvat et Márton Kolossváry
Radiologie européenne, 2020 ; 30(10) : 5499-5506
Les chercheurs du groupe de recherche en imagerie cardiovasculaire MTA-SE et de l’Université Semmelweis en Hongrie se sont davantage penchés sur l’utilité du score calcique (SCAC), en combinaison avec l’anthropométrie et les facteurs de risques, afin de prédire si des tests diagnostiques alternatifs seraient bénéfiques dans la mesure où la coronographie par TDM montrerait une image non diagnostique ou au contraire, une sténose importante. Les chercheurs ont révisé rétrospectivement 4120 patients. 276 patients présentaient une coronographie par TDM non diagnostique dans au moins un segment coronarien et 1073 patients présentaient une sténose d’au moins >50%. Les chercheurs ont utilisé plusieurs modèles pour tester leur hypothèse. Le modèle 1 comprenait l’IMC, le pouls et l’arythmie. Le modèle 2 comprenait les éléments du modèle 1 ainsi que l’âge, le sexe et le type d’angine. Le modèle 3 comprenait les composantes du modèle 2 en plus du SCAC. Le modèle 1 avait une faible précision de diagnostic (ASC 0,56), mais lorsqu’il a été inclus avec le modèle 2, le pouvoir discriminant s’est amélioré (ASC 0,72, p < 0,001). De plus, en ajoutant le SCAC (modèle 3), le pouvoir discriminant s’est encore plus amélioré (ASC 0,84, p < 0,001). Des rapports de cotes ont également été établis pour plusieurs facteurs, notamment: tout type d’arythmie augmentait les chances de tests supplémentaires de 2,12; angor atypique 1,29; et angor typique 1,64 (tous p <0,001). En comparant les résultats des trois modèles avec la qualité de l’image de la coronographie par TDM non diagnostique, aucun modèle significatif n’a montré un pouvoir discriminant accru (p >0,05). Chez les patients présentant une obstruction coronarienne significative visualisée à la coronographie par TDM, le modèle 1 n’a pas montré de pouvoir discriminant significatif, mais lorsqu’il était combiné avec les modèles 2 et 3, le pouvoir diagnostique s’améliorait (ASC 0,74 et p < 0,001, et ASC 0,87, p < 0,001 respectivement). En outre, les chercheurs ont évalué les différents grades classiques du SCAC (1-10 ; 11-100 ; 101-400, 401-1000, >1000) et leur relation avec le type d’angine, la fréquence cardiaque et l’arythmie. En raison de l’importance individuelle de chacun de ces facteurs en ce qui concerne le risque cardiaque, les chercheurs ont découvert qu’il n’y avait pas de valeur seuil unique pour le SCAC qui pourrait prédire la nécessité de tests diagnostiques cardiaques supplémentaires. Toutefois, ils ont développé des tableaux intégrant chaque facteur, ce qui permet de déterminer si des tests diagnostiques supplémentaires sont nécessaires. L’étude présente plusieurs limites. La conception de l’étude est rétrospective et les données ont été acquises auprès d’un seul centre et d’un seul fournisseur. La réserve de débit fractionnaire n’a pas été incorporée et les résultats des tests diagnostiques supplémentaires n’ont pas fait partie de la conception de l’étude. Dans l’ensemble, les chercheurs concluent qu’une évaluation de routine avec le SCAC avant la coronographie par TDM peut être conseillée, car elle permet d’identifier les patients pour lesquels une évaluation plus approfondie sera nécessaire.
Performance des lecteurs pour la détection des nodules pulmonaires au TDM thoracique sur un large intervalle de radiation
Joel G. Fletcher , David L. Levin, Anne-Marie G. Sykes, Rebecca M. Lindell, Darin B. White, Ronald S. Kuzo, Vighnesh Suresh, Lifeng Yu, Shuai Leng, David R. Holmes III, Akitoshi Inoue, Matthew P. Johnson, Rickey E. Carter, Cynthia H. McCollough
Radiologie. 2020 29 sept. 200969
Les chercheurs de la Clinique Mayo ont comparé le rôle de la TDM thoracique à faible dose de radiation avec celui de la TDM thoracique à dose normale de radiation dans l’évaluation des nodules pulmonaires indéterminés de 5 mm ou plus (définis comme n’ayant pas de caractéristiques bénignes déterminées). Il s’agit d’une étude rétrospective cas-témoins portant sur 83 patients ayant subi une TDM thoracique à dose normale de radiation pour évaluer les nodules pulmonaires. Ces TDM ont été acquis via une source de rayons X unique à 120 kV, un réglage automatique du contrôle de l’exposition de 70 mAs, un temps de rotation de 0,5 seconde et une configuration de détecteur de 128 x 0,6 mm. Par la suite, les TDM ont subi une rétroprojection filtrée (RPF) ou une reconstruction itérative (RI) afin de produire des ensembles de données à faible dose en utilisant l’acquisition originale. Dans l’ensemble, les chercheurs ont constaté que la sensibilité par patient et par nodule diminue parallèlement à la baisse de la dose de radiation. Toutefois, la spécificité reste pratiquement inchangée malgré une différence de 25 fois en mAs entre la dose de routine et la dose de radiation faible remaniée (allant de 70 à 2,5 mAs). De plus, il a été démontré que la sensibilité des nodules subsolides est significativement réduite pour toutes les configurations de dose inférieures à 10 mAs (p < 0,05). La diminution de la dose de radiation a soulevé de nombreux problématiques, notamment la baisse de la qualité diagnostique de l’image, une augmentation du bruit de l’image et une baisse de la netteté de l’image. Globalement, les résultats ont montré que la dose de radiation pourrait être réduite d’un septième par rapport à un TDM thoracique de routine et d’un tiers par rapport au TDM de dépistage à faible dose, tout en obtenant des performances non inférieures pour les nodules pulmonaires indéterminés. Par contre, il a été démontré que les nodules partiellement solides et subsolides ont été moins bien détectés à des niveaux de radiation inférieurs à ceux du TDM standard de dépistage à faible dose. Il est à noter que l’IR a une qualité d’image subjectivement meilleure pour les doses plus faibles, lorsque comparée à la RPF. Cependant, les données n’ont présenté aucune différence dans la performance du lecteur. Bien que davantage de recherches doivent être menées, une diminution supplémentaire de la dose de radiation pour les examens de dépistage annuels devrait apporter un bénéfice à long terme. Les limites de l’étude comprennent sa conception rétrospective d’étude cas-témoins avec des lecteurs limités (n=3), qui n’ont pas examiné les reconstructions multiplanaires non axiales. De plus, l’extrapolation des radiologues surspécialisés aux médecins généralistes est une limitation potentielle. Finalement, la cohorte sélectionnée présente une plus grande proportion de nodules subsolides, ce qui peut ne pas refléter la véritable prévalence de la population.
Biomarqueurs basés sur la TDM pour la prédiction de l’hypertension pulmonaire thromboembolique chronique après un événement pulmonaire embolique aigu
Giovanni Lorenz, Mnahi Bin Saeedan, Jennifer Bullen, Frederikus A Klok, Lucia J M Kroft, Lilian J Meijboom, Gustavo A Heresi, Apichaya Sripariwuth, Rahul D Renapurkar
American Journal of Roentgenology Oct 2020;215(4):800-806.
Des chercheurs de la Clinique de Cleveland, de l’Université Leiden aux Pays-Bas et de l’Université Naresuan en Thaïlande ont étudié le rôle de marqueurs basés sur la TDM et leur valeur prédictive pour le développement de l’hypertension pulmonaire thromboembolique chronique (HTPTC) après une embolie pulmonaire aiguë. La HTPTC représente le quatrième groupe de la classification clinique actualisée de l’hypertension pulmonaire (HTN-P). L’HTPTC est une forme traitable de l’HTN-P, typiquement par la thromboendarterectomie pulmonaire. Toutefois, le diagnostic précoce est impératif pour la réussite du traitement, car tout retard aggrave le pronostic et le taux de mortalité périopératoire. Cette étude est rétrospective, ce qui a permis de sélectionner des patients qui ont développé l’HTPTC et de réexaminer leur TDM thorax initial à la recherche de la présence de marqueurs prédictifs. Les patients qui présentaient des signes d’embolie pulmonaire chronique ou d’autres maladies pulmonaires importantes de base qui pourraient contribuer à l’HTN-P ont été exclus de l’étude. Le classement subjectif du thrombus a été examiné dans l’artère pulmonaire principale, les artères pulmonaires principales gauche et droite ainsi que dans les cinq branches interlobaires. Les branches ont été classées en trois catégories : aucune obstruction, obstruction incomplète et obstruction complète. Parmi les autres marqueurs évalués, on peut citer le score de Walsh (mesure quantitative des anomalies de l’artère pulmonaire segmentaire), le diamètre du ventricule droit (DVD), le diamètre du ventricule gauche (DVG), le rapport DVD/DVG, le diamètre de l’oreillette droite (OD), le diamètre de l’artère pulmonaire (AP), la présence d’un thrombus cardiaque droit, d’un épanchement péricardique, d’un infarctus pulmonaire et d’une atténuation en mosaïque. Une analyse univariable de ces marqueurs a ensuite été effectuée, qui a démontré que de multiples facteurs augmentaient la probabilité de développer une HTPTC. La présence d’un caillot central ou lobaire occlusif à l’imagerie initiale, un score de Walsh, un infarctus pulmonaire et une atténuation en mosaïque sont des marqueurs associés au développement futur de l’HTPTC (p < 0,001). L’épanchement péricardique (p < 0,017) a également été associé au développement de l’HTPTC. Le ratio DVD/DVG, le diamètre de l’AP ou de l’OD et la présence d’un thrombus cardiaque droit ne sont pas des marqueurs qui influencent le développement de l’HTPTC post-embolie pulmonaire aiguë. Les limites de l’étude comprennent sa conception rétrospective et un possible biais de sélection dû à l’exclusion de certains patients de l’échantillon. Les patients inclus dans l’étude provenaient de l’équipe de réponse à l’embolie pulmonaire et présentaient une embolie pulmonaire sub-massive/massive pouvant entraîner un biais potentiel. Les scintigraphies de ventilation-perfusion ou les tests fonctionnels supplémentaires, qui ont une meilleure sensibilité pour évaluer les défauts de perfusion par rapport à la TDM, n’ont pas été évalués. Dans l’ensemble, cette étude pointe que certains biomarqueurs retrouvés à la TDM peuvent jouer un rôle important dans l’identification des patients présentant un risque plus élevé de développer une HTPTC après une embolie pulmonaire aiguë.
Translated by: Elizabeth Foontaine – Laval university, Canada
References